Le cancer du Sein : le tueur silencieux

Chaque année au mois d’octobre, des organisations mènent une campagne de communication mondiale dénommé « Octobre rose ». Elle est destinée à sensibiliser sur le dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche scientifique.
Le cancer du sein, ce tueur silencieux, on vous en parle en détails avec le Dr Claude Kaboré, médecin généraliste au CHU de Bogodogo.

QU’EST-CE QUE LE CANCER DU SEIN ?

Un cancer signifie la présence de cellules anormales qui se multiplient de façon incontrôlée. Dans le cas du cancer du sein, les cellules peuvent rester dans le sein ou se répandre dans le corps par les vaisseaux sanguins ou lymphatiques. La plupart du temps, la progression d’un cancer du sein prend plusieurs mois et même quelques années. Il représente un peu plus d’ 1 /3 des cancers de la femme. On estime qu’une femme a 10 % de probabilité d’être atteinte d’un cancer du sein jusqu’à l’âge de 75 ans.

QUELLES EN SONT LES CAUSES ?

Les facteurs favorisant ou les facteurs à risques du cancer du sein sont multiples, mais nous pouvons retenir :

  • La nullipare qui désigne une femme sans enfant
  • Les premières grossesses tardives et l’absence d’allaitement maternel
  • La vie génitale prolongée: une puberté précoce ou une ménopause tardive sont des circonstances favorisantes de cancer du sein.
  • Des antécédents familiaux: un cancer du sein d’une parente du premier degré, mère ou sœur, multiplie le risque par quinze. Les cancers héréditaires sont rares: seulement 5 % des femmes souffrant d’un cancer du sein sont porteuses d’une prédisposition génétique qu’elles transmettent à leurs filles.
  • Les facteurs nutritionnels (lipides, protides et alcool),une alimentation riche en graisses animales et faible en fibres.
  • L’obésité aussi augmente les taux d’oestrogène et donc le risque de cancer du sein.

 

D’une personne à une autre, les causes peuvent varier el il est très difficile de dire exactement qu’est-ce qui cause le cancer.

Symptômes du cancer du sein

La plupart des tumeurs cancéreuses sont détectées par les femmes elles-mêmes. 

Le docteur Claude KABORE conseille aux femmes d’être attentives à leur corps et savoir faire l’auto-examen du sein. Toute femme doit savoir palper son sein et aussi en fonction de l’âge faire ce qu’on appelle une mammographie

  • La première chose à surveiller est l’apparition de grosseurs dans le sein. Dans la majorité des cas, ces grosseurs sont bénignes et ne constituent pas une tumeur, mais un kyste ou un adénome fibreux. Cependant, par mesure de prudence, contactez votre médecin dès l’apparition de ces anomalies.
  • Des ganglions durs au niveau de l’aisselle : la présence de masse (s) dure (s) au niveau des aisselles peut être le signe d’un cancer qui se propage aux ganglions axillaires. Il est important de consulter.
  • Des modifications au niveau de la peau et du mamelon : l’apparition d’une peau d’orange, d’une rondeur ; des anomalies de la peau, telles que des fossettes, une ride à sa surface ; le mamelon devient rentrant, une grosseur ou une enflure sous l’aisselle ; un écoulement par le mamelon ou une rougeur sur le mamelon : ces deux derniers cas sont très rares.
  • Un changement de taille et de forme des seins

 

La situation au Burkina Faso

Dans notre pays, le cancer est un problème de santé publique, selon l’Organisation mondiale de la santé. En 2018, il y avait près de 11 000 nouveaux cas de cancer au Burkina Faso. En deux années, le service d’oncologie a reçu 594 cas de cancer, en 2017 et 2018. Ces chiffres concernent tous les cancers confondus, mais chez les femmes, les cancers les plus fréquents sont, en première position, le cancer du sein, suivi du cancer du col de l’utérus. Pour ce qui est des hommes, c’est le cancer de la prostate.

Mais le cancer qui est le plus fréquent au niveau des deux sexes, c’est le cancer primitif du foie, le plus souvent dû à l’hépatite B.

Il existe des médecins spécialisés dans l’étude, le diagnostic et le traitement des cancers au Centre hospitalier universitaire de Bogodogo. La prise en charge des malades se fait en plusieurs étapes :

  • Pour le cancer du sein, il y a ce qu’on appelle un bilan à faire pour confirmer le cancer par des examens. 
  • Et lorsque c’est confirmé, le patient fait l’examen anaphase qui consiste à regarder les cellules pour confirmer que c’est un cancer. Cela va déterminer le stade de la maladie.
  • Une fois que le stade est défini, il commence par un traitement médicamenteux anti-cancéreux, ce qu’on appelle la chimiothérapie et qui existe au Burkina, ou la chirurgie.
  • En fonction du stade, on peut être amené à enlever tout le sein ou alors enlever une partie du sein. Ça c’est la prise en charge chirurgicale.
  • Et enfin, on aboutit au dernier type de traitement qui est la radiothérapie, qui est un traitement par les rayons, ce qui, malheureusement, n’existe pas pour le moment au Burkina Faso.
    Les patients qui doivent bénéficier de ce traitement sont obligés d’aller hors du pays.

Pour le traitement d’un cancer moins avancé, le patient peut dépenser environ 900.000 FCFA pour sa prise en charge. C’est le coût au service oncologie du CHU Yalgado Ouédraogo.

Comment se prémunir du cancer du sein

Pour se prémunir autant que possible du cancer de sein, le docteur Kaboré donne des conseils :

  • Pas d’excès de graisses animales
  • Ne pas consommer d’alcool ni de tabac {même passif)
  • Pratiquer une activité physique
  • Pratiquer l’allaitement fréquent
  • Dépistage: Dès ses 20 ans, chaque femme doit pratiquer l’autopalpation ou auto-examen des seins à chaque cycle menstruel (à la fin des règles) . Personne ne connaît mieux les seins d’une femme qu’elle-même. La moindre modification de structure, d’aspect, doit faire l’objet de consultation médicale. Cela permet de détecter toute anomalie dès son début.

A partir de 35 ans, chaque femme doit bénéficier d’un examen annuel des seins par un médecin qui

s’y connaît (cancérologue, gynécologue). Cet examen détectera toute lésion dépassant un centimètre. 

Cela évitera les diagnostics tardifs.

A partir de 40 ans, nous conseillons aux femmes de réaliser une mammographie tous les 3 ans et, à

partir de 50 ans, une mammographie tous les deux ans jusqu’à l’âge de 74 ans. Cet examen permet

la détection des lésions de moins d’un centimètre.

Par Fatimata Porgo

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